Le samedi 24 juin 2023, vers 08 heures du matin, ont été publiés les résultats du DEF (Diplôme d’Etude Fondamentale) du Mali. Pour rappel, le DEF est le premier diplôme pouvant ouvrir la voie à des études secondaires et/ou professionnelles au Mali.
Selon une publication de l’AMAP du 24 juin, ils étaient au total 283 243 élèves répartis dans 1904 centres entre 11363 salles, parmi lesquels 245 288 candidats ont réellement pris part à cet examen selon les chiffres annoncés lors de la publication des résultats par le ministère de l’Éducation nationale. Ainsi 13,40% des candidats inscrits n’ont pas pris part au DEF. Les candidats venaient des établissements publics, privés et confessionnels.
Sur les 245 288 ayant pris part aux épreuves, on note 74 375 admis dont 34 425 filles soit un taux d’admission global de 30,32% selon les chiffres officiels du Ministère de l’Education Nationale. Selon le directeur du Centre national des examens et concours de l’éducation nationale (CNECE), Mahamadou Keita, ce taux d’admission est en recul de 17 points par rapport à 2022 et 38 par rapport à 2021. Il est presque sûr qu’en prenant le taux de réussite des écoles publiques uniquement nous serons au deçà des 30%.
Ces résultats loin d’être honorables nous interpellent tous (gouvernement, administrateurs de l’éducation nationale, enseignants, parents d’élèves et élèves). Certains iront vite en besogne en disant que les élèves n’ont pas le niveau sans se poser la question pourquoi ils n’ont pas le niveau ? Ce qui est certain, les jeunes d’aujourd’hui ne manquent pas d’intelligence. Au contraire, ils évoluent dans un environnement plus favorable à l’intelligence dont leurs pères voire grands-pères n’ont pas bénéficié.
Parmi les acteurs qui doivent se sentir interpeller je mettrai particulièrement l’accent sur le gouvernement et les parents d’élèves car je suis de ceux qui pensent qu’une action synergique des ces deux acteurs peut fondamentalement changer la descente aux enfers de l’école malienne.
Ces résultats du DEF sont donc une opportunité pour que le gouvernement agisse ne serait-ce qu’au niveau des écoles publiques. Pour cela, le Ministre de l’Education Nationale devrait exiger une analyse plus détaillée et plus fine des résultats selon les types d’établissements (publics, privés et confessionnels), selon le sexe et tout cela désagrégé par école, par Centre d’Animation Pédagogique (CAP) et par Académie d’Enseignement (AE). A la lumière des résultats de ces analyses, toute école publique avec un taux de réussite de moins de 20% devrait voir son directeur remercier ; tous les CAP avec un taux de de réussite de moins de 25% devraient voir leurs directeurs remplacer et toutes les AE avec un taux de réussite inférieur à 30% devraient voir leurs directeurs débarquer.
Pour toutes les classes ayant moins de 10% de réussite, le ministère de l’éducation doit procéder rapidement à une évaluation du niveau des enseignants chargés des matières suivantes (mathématique, physique chimie, biologie, histoire et géographie, français) et procéder à un renforcement de compétence pendant ces vacances.
L’analyse en fonction du sexe permettra de voir les localités dans lesquelles des politiques spécifiques doivent être prises pour la promotion de l’éducation des jeunes en général et particulièrement celle des jeunes filles.
Je reste convaincu qu’en appliquant une stratégie aussi simple qui ne coûte pas grand-chose à l’Etat sur le plan financier, nous pourrions tirer vers le haut les futurs résultats du DEF au bout de 03 ans. La redevabilité des responsables est le principal gage du vrai changement.
Quant aux parents d’élèves, ils doivent comprendre qu’il ne s’agit pas seulement d’envoyer l’enfant à l’école et croiser les bras pour avoir un bon résultat en fin d’année. Ils doivent entre autres :
Veiller sur les devoirs des enfants ;
Mettre en place un dialogue permanent avec les professeurs pour améliorer le suivi de l’enfant et à la maison et à l’école ;
Vérifier régulièrement les cahiers de l’enfant en l’interrogeant sur certaines leçons ;
Analyser l’attitude et le comportement de leurs enfants et engager un dialogue avec eux dès le moindre changement constaté ;
Préparer l’enfant à ne compter que sur ses propres efforts ;
Avoir une bonne politique de gestion des téléphones portables et de la télévision durant toute l’année scolaire.
C’est le moment plus que jamais d’agir si nous voulons donner une nouvelle trajectoire à nos écoles fondamentales. Une trajectoire qui devrait être celle de l’espoir et de l’espérance pour les générations futures.